Une course frissentissma ! Bonjourno ! Petit retour par écris de l’Elbaman !! Parti de Normandie mardi 23 septembre pour une courte nuit à Besançon chez mon ami Eric. Triathlète de son état, c’est bien ça faute si j’en suis là !... 4h45, voiture chargée à bloc, on prend la route pour aller chercher le ferry en Italie à Piombino.
Un saut de puce de 10h et nous voilà sur l’ile d’Elbe par 30°. Mammmmmamia ! Ma qué billissima !!! La météo restera excellente toute la semaine. Ouf… L’édition 2013 avait essuyé de violents orages qui avaient poussé l’organisation à stopper les derniers triathlètes encore sur leur vélo !...
Moche. Le soir même, 50mn de course à pied tranquille avec un peu de maintien d’allure histoire de réveiller les jambes et voir une partie du parcours marathon… Première Pizza !
Jeudi, 40mn de natation pour s’habituer à la combinaison et comprendre les courants dans la baie de Marina di Campo… sexy comme nom, nan ?... Moi, ça me donne déjà envie !...
Un peu de vélo ensuite. 40kms avec quelques exercices sur le parcours… assez pour découvrir que… ça monte !... Environ 2700m en tout… Apéro tranquille (acqua frissente !) avec des amis d’Eric, rencontrés sur Lanzarote l’an passé. 2ème Pizza…
Vendredi, coupure dans l’entrainement, retrait des dossards… glups…. Préparation des sacs de transitions avec toutes nos affaires, les ravitos et la boisson… re glups… Reconnaissance complète du parcours vélo en voiture… Ah mince ! Ça monte vraiment !!.. Les cotes sont mon grand point faible. Mais je suis là pour en ch*** et pour la destination exotique… c’est un bon choix ! Quelle ile magnifique !! On aperçoit la Corse à quelques coups de bras… J’imagine qu’Elbe n’a pas grandchose à lui envier… J’imagine aussi qu’elle est plus intime… 220km²… les habitants sont très gentils avec un bon contact. Des Italiens quoi !... J’étais sous le charme à Lanzarote… C’est de nouveau le cas ici dans une atmosphère très différente. Gnocchi… je ne vais pas manger des pizzas tous les jours !
Samedi, 40 mn dans l’eau de nouveau et 50 sur le vélo avant d’aller déposer le matériel au parc !
Dimanche matin après une trop courte et bien mauvaise nuit, c’est dans le calme et la pénombre que l’on rejoint les concurrents sur le sable de la plage de Marina di Campo. Moins serein qu’en 2013 à Lanza je l’avoue. L’hiver dans le plâtre après mes fractures ne m’a pas permis de bien préparer mon grand point faible. La course à pied. Je n’ai pu reprendre l’entrainement qu’en mars et encore… avec beaucoup beaucoup de modération. Du coup j’arrive à Elbe avec moins de 500km dans les baskets…. Contre 1000 à Lanza ! C’est l’inconnue. Je n’ai pas fait de sortie longue à l’entrainement. Maxi 15kms. Mais toujours sur des enchainements vélo. Ça me rassure à peine ! A 7h00 tapante c’est le coup de trompette !... Toutes mes appréhensions s’envolent dans la montée d’adrénaline ! Exactement comme quand je fermais la visière de mon casque en compétition moto et que le feu passait au vert !!... Très bonnes sensations ! Il fait encore nuit, un phare clignote sur la première bouée avec changement de cap, je me force à naviguer très tôt et le plus souvent possible pour éviter les mètres en trop. Nous sommes peu nombreux aussi le départ est propre avec peu de contact… Pour la première fois je m’élance des premières lignes. Je colle aux pieds des concurrents qui me précèdent. Quand je me sens trop facile, j’accélère jusqu’à recoller au groupe devant… je fais ça 3 ou 4 fois jusqu’à trouver des personnes avec un rythme qui me convient. Le parcours est en 2 boucles. J’avais mis 1h16 à Lanzarote. Je vise 1h10 à 1h12… Mon chrono tourne… Il faut qu’il affiche entre 35 et 36mn à la sortie de l’eau après nos premiers 1900m… 32 !... Gros moral ! Je retourne à l’eau au plus vite et fait de nouveau l’effort pour retrouver des pieds où m’abriter un peu. Le soleil se lève rasant l’eau… spectacle superbe et aveuglant parfois… mais j’ai l’agréable sensation d’être salué par la nature qui me montre son plus beau visage en dévoilant peu à peu Marina di Campo… et les montagnes en arrière-plan. Quelle que soit la profondeur on voit le fond… la mer est plate… pas un bruit… c’est extra.
Sortie de l’eau sans une entame physique en 1h05 !... J’enlève le haut de ma combi dans l’eau par facilité, je remonte la plage en courant et je passe la puce de chronométrage en 1h06… 54ème temps.
Transition éclair en 4mn malgré que le parc vélos soit à environ 300m. C’est parti pour une première boucle de 60kms… avec la pression… j’ai vu que le vélo d’Eric était encore crochet ! Le parcours commence tout de suite par une longue montée vers un petit village où nous faisons le tour de l’église avant de redescendre sur la boucle. Une belle difficulté surement voulue pour nous offrir une vue imprenable sur Marina di Campo. Dans la descente, je croise Eric ! Il n’est pas si loin derrière ! Après 50mn de vélo il me double déjà. Je le tiens longtemps à quelques mètres au profit des descentes mais en monté il me lâche et arrivée dans la longue remontée sur Marciana il disparait. Je roule sur mes consignes de fréquence cardiaque et de cadence de pédalage décidées un peu au pif, un peu à l’expérience des entrainements et de Lanza. On me double alors que d’habitude à vélo c’est plutôt moi qui reprends des places mais ça ne me surprend pas plus que ça car je sais que je suis bien sortie de l’eau. En haut de Marciana, je sais qu’il n’y a plus de difficulté sur la boucle, sauf peut-être la descente sur Marina de Marciana !... Très étroite… de nombreuses épingles… beaucoup de pente… le macadam défoncé tant tôt par les racines tant tôt par les véhicules à la corde des virages les plus serrés… le pied ! Mais… je crève !! Sic… Je n’ai qu’un boyau de rechange… un joker et je le joue dès maintenant… En plus ma pompe CO² me joue des tours… la moitié du gaz s’échappe par le bouchon !... Je percute ma 2ème et dernière cartouche, bien angoissé… même chose… le pneu est mou au touché mais pas le choix… 12mn d’arrêt, un pipi, je repars…. Avec la trouille de l’abandon… Je ne cherche pas à refaire mon retard pour ne pas me griller… c’est fait et puis c’est tout… Retour à Marina di Campo, coincé derrière un utilitaire et ses gaz d’échappement bien polluant !... Impossible de doubler… il se traine… Je boue… 2h37 pour ce premier des trois tours… c’est beaucoup trop… même en enlevant l’arrêt forcé, c’est trop. Pourtant je me suis trouvé plutôt bien engagé physiquement et il reste 2 tours encore… Assez vite d’ailleurs la baisse de régime se fait sentir mais je n’arrive pas à savoir si elle était physique ou si je craignais déjà de manquer de ressource pour mon marathon. Pas beaucoup de temps pour analyser et pas simple de gérer l’effort sur une telle longueur de course. J’ai l’impression de rouler en dessous de mes capacités mais après le vélo, la course commence. Je boucle le second tour en 2h33… 6mn de plus en réalité par rapport au temps roulé sur la première… Rien de catastrophique sur 90kms avec ce dénivelé… Dernière boucle, c’est le cercle vicieux, la baisse de forme fait craindre le marathon qui fait augmenter la baisse de régime etc etc… Je lache, je lache je lache… mon GPS aussi me lache… plus de batterie… plus de suivi des consignes… pas simple… je termine sans le savoir en 8h02… 2h54. J’ai totalement lâché prise. Moche moche… Mais pas découragé et pas le temps pour la déception…
Il reste un marathon à courir ! Un vrai !... 5 boucles de 8,5km… soit 42,5 km… C’est même un marathon+ ! Transition numéro 2… un dernier pipi long et douloureux… 8 heures de selle !... Changement complet… 11 minutes… trop long… et c’est parti !... Sans GPS… ma 2ème montre s’est déchargée dans la journée !... Toujours pas de consigne à suivre comme prévue et encore moins de point de repère sur ma vitesse et ma fréquence cardiaque… Tout aux sensations. C’est dur !!! J’ai les jambes lourdes ! Je croise Eric qui boucle déjà son 3ème tour !... Je lui pleure que j’ai mal aux pattes !... Au bout de 2kms je n’en peux plus, l’envie de marcher tape à la porte… je n’ouvre pas… je ralentis encore un peu… je dis encore, parce que je ne vais déjà pas vite ! Que trépasse si je faiblis ! hé hé… Les ravitos sont bien nombreux. 6 sur la boucle plus une table avec les sacs perso. A chacun d’eux je prends mon verre de coca et me rince la bouche à l’eau, le tout en marchant… puis re-trottine… et rote lourdement 3 à 4 fois… d’ailleurs, sans comprendre pourquoi je suis assez indisposé depuis un long moment… à me demander quand tout va ressortir et au point où je me promets de me faire vomir dès la course terminée ! Le premier tour se passe… interminable… prendre le premier de mes 5 chouchous est vrai plaisir ! Les jambes sont plus légères, j’ai l’impression de mieux courir et surtout le décompte commence… Je m’accroche à l’idée du prochain ravito même si je n’ai plus envie d’avaler quoique ce soit… j’en ai ras le bol de bouffer et boire !... Une gorgée toutes les 5mn… une barre toutes les 25 ou gel depuis la course à pied… Mais je sais que je vais marcher 10 à 15m et ça me suffit… 2 chouchous !... Donc plus que 3 à aller chercher !... Et encore !... Je suis dans le 3ème tour !... Donc après celui-là il n’en restera que 2 ! Dans la tête c’est très positif… même si finalement ça fait encore 25,5 kms à courir !!!... Mais je fonctionne toujours comme ça. Je me rends compte que mes temps de marche sont de plus en plus long… c’est simple, j’ai de plus en plus de mal à déglutir… une punition… j’ai mal à l’oesophage… à force de roter surement… et je vais avoir mal 3 jours encore !... Presque plus qu’aux jambes !!!... Je croise Eric pour la dernière fois, il a fini en 11h46… Bravo à lui !... 22ème ! 9ème temps marathon en 3h38 et premier Français de l’épreuve ! Pour essayer de vous donner une idée de la difficulté de l’épreuve, cette année Eric a terminé l’Iron Man de Klag en 10h23 !... Aller, encore 2 tours… Ça ne me semble pas long… je trouve ma foulée assez souple et effectivement je trottine dans un certain confort qui me fait oublier la punition de Lanza. J’accélèrerais bien la cadence mais j’ai la trouille que ça ne tienne pas… Il ne reste plus autour de moi que des personnes qui marchent, souvent par deux ou accompagné d’un vélo… ou… vomissent… drôle de spectacle mais nous ne sommes plus beaucoup en cette fin de peloton à trotter et j’ai peur d’être comme eux si j’accélère… J’ai toujours entendu parler du mur du 30ème kilomètre… alors j’assure. Je m’accroche à tout… l’habitude des ravitos… les panneaux indicateurs de distance bien placés et très bien fait. Ça m’a aidé en l’absence de GPS. Sur chaque tapis de chronos j’envoie un bisou vers La Cerlangue… Dernier tour, je choisi un dernier chouchou d’une couleur encore différente et toujours féminine pour ramener à Garance ! Je salue tous les bénévoles, marque un temps d’arrêt supplémentaire aux ravitos pour les remercier d’être là pour nous, je joue plus encore avec le public moins nombreux qu’à Lanza mais chaud bouillant à l’italienne ! 4 tours que j’entends clamer des « dai dai dai ! » soutenus dans les applaudissements !... Des « Grandi ! Grandi » des « Forza ! »… Et plus vous jouez avec eux plus ils font du bruit… Je ne suis plus à 10mn prêt et dans 8 kms c’est la fin de l’aventure… J’ai des frissons… je savoure ces derniers 8,5km jusqu’à l’arche d’arrivée où je découvre rapidement mon temps total de 15h12 sans y prêter trop attention.
Mon bonheur est ailleurs. Un dernier bisou vers La Cerlangue. Je sais qu’on y est fier de moi et qu’une première place aurait à peine changé ce sentiment ! Le 10 novembre dernier j’étais dans le plâtre une fois encore, une fois de plus et une fois de trop… encore une fois de trop. J’étais au fond du trou et être sous cette arche dimanche, être sous les applaudissements généreux valaient largement que je serre les dents pour remonter la pente depuis !... Je suis heureux ! Peu importe si j’ai mi 1h30 de trop…
Je suis sous l’arche… j’ai vécu une bien belle aventure… le cadre est merveilleux… J’ai encore une fois relevé la tête… je me suis défié… comme tous finishers, je suis allé loin dans mes limites… Le triathlon est un sport très difficile quelle que soit la distance… Mais ce n’est que du bonheur !.... Il ne devait pas m’en rester beaucoup sous la semelle !... Dès le passage au massage ça bascule… cuisses douloureuse… je grelotte… l’acide s’installe… Je rejoins péniblement l’appartement en titubant, enroulé dans ma couverture de survie le téléphone à la main… Heureusement Eric est là qui prend en charge toutes mes affaires et lave même ma combinaison de natation alors que je me laisse tomber sur le lit les yeux fermés… j’entends tout mais je suis incapable de bouger… plus rien ne répond… Je mangerai mieux demain ! Moche pour la dernière pizza de départ. J’essaierais de faire mieux à Francfort en juillet 2015 voilà tout !... Je vais faire mieux. Mais toujours avec le sourire temps que je passe sous l’arche.